vendredi, janvier 14, 2005


Saïgon by night le 1er janvier 2005 Posted by Hello

dimanche, janvier 09, 2005

Amour, joies, peines et ... Tiger beer

Bonjour mes amis!

Avant tout, laissez-moi vous présenter mes voeux d'excellente année. Je vous la souhaite parsemée de pétales de roses. Qu'elle soit heureuse et que tous vos souhaits se réalisent.

L'année s'est bien terminée de mon côté.
Alexandra est venue me voir pour deux semaines de bonheur. Ca m'a bien changé de la routine moto-boulot-dodo et nous avons bien profité l'un de l'autre avant son départ pour le pays des cactus (où elle se trouve à l'heure où je vous parle). Que du bonheur!
Damien était avec nous la première semaine, on a fait tous les bars de Saïgon, puis nous sommes restés en amoureux la deuxième semaine et avons été beaucoup plus sobres, le simple fait d'être ensemble suffisant à nous enivrer. Pendant que je travaillais la journée, Alexandra a réalisé des reportages photos exceptionnels, que Paaapa vous mettra en ligne sur www.rapaport.fr dès qu'il aura un peu de temps.
Le départ a été très difficile, j'ai laissé mon coeur brisé en deux morceaux quelque part au milieu de l'aéroport et suis rentré chez moi noyer mon désespoir dans la Tiger beer.

Fort heureusement, une semaine plus tard, Paaapa, Moman, Marinette et Mamie, sont arrivés à Hanoï (ce pourri de Francky Vincent a préféré aller caresser des antilopes au Gabon, mais je le soupçonne de vouloir venir me voir tout seul pour que je puisse l'emmener faire des tours de mobylette le malin).
Ils sont descendus tranquillement vers le centre du Vietnam, où je les ai rejoints. Nous avons passé le week-end de Noël en famille entre Danang (ex Tourane), Hoi An et Hué, l'ancienne cité impériale. Ces endroits signifient beaucoup pour moi, car c'est là que mon grand-père, mon grand-oncle et ma grand-tante ont passé toute une partie de leur enfance. Ca fait drôle de s'y retrouver, soixante ans plus tard. J'ai beaucoup pensé à eux et essayé de faire le plein de beaux paysages, me demandant ce qui avait changé pendant tout ce temps. Notre guide nous a abreuvés d'anecdotes croustillantes sur les péripéties des empereurs de la dynastie Nguyen, dont Papa a filmé quelques moments choisis qu'il me tarde de vous faire partager.
Mamie ayant fait une mauvaise chute, elle s'est trouvée contrainte de rentrer en France avec Moman. Elles ont été rapatriées vers Bangkok le 27 décembre, alors que Paaapa et Marine m'accompagnaient jusqu'à Saïgon.
Nous y avons vécu une semaine très sympathique et parfaitement orchestrée. Chaque jour, les deux zozos visitaient pendant que je travaillais et nous nous retrouvions le soir au bar de l'hôtel pour un gin tonic et une tequila sour pour Marine et un cocktail de fruits que Paaapa et moi nous partagions, avant d'aller mettre sans dessus-dessous un restaurant tiré au hasard où Paaapa priait pour trouver quelque chose à son goût. Avant d'aller nous coucher, nous prenions un petit digestif au bar de l'hôtel. Marine a fini bourrée comme une polonaise tous les soirs.
Le 31 décembre, Paaapa et Marine sont repartis, je les ai accompagnés à l'aéroport vers vingt-deux heures. Au même moment (ou presque), Moman et Mamie trouvaient enfin un avion pour les rapatrier de Bangkok, où elles s'étaient retrouvées coincées pendant toute la semaine du fait du tsunami qui monopolisait toutes les ressources médicales. A l'heure qu'il est, Mamie a été opérée et s'emmerde toute la journée dans sa chambre d'hôpital. Merci de lui envoyer par la pensée de bonnes ondes de prompt rétablissement.

J'ai passé la nuit du réveillon tout seul dans Saïgon, un peu dépressif, me promenant dans les rues où toutes les mobylettes paradaient en attendant minuit. Je me suis ensuite souhaité bonne année et suis rentré me coucher. Les premiers jours après le départ de la famille ont été un peu difficiles. Ca faisait plus d'un mois que je ne m'étais pas retrouvé tout seul, les dernières semaines avaient été fort riches en émotions et la Tiger beer elle-même n'a pas su m'empêcher de déprimer un petit peu. Il paraît que ça fait toujours ça au bout d'un mois ou deux quand vous habitez loin de chez vous. Le bruit vous fatigue, la Tiger beer et la mobylette ne vous grisent plus et vous n'en pouvez plus de bouffer ce putain de riz. Un petit coup de blues quoi.
Puis, un beau matin, je me suis réveillé vers 6h30, ai regardé par la fenêtre les petits vietnamiens qui jouaient au badminton et couraient dans le parc, ai petit déjeûné de fruits et de jus de chaussettes et me suis demandé de quoi je pouvais bien avoir à me plaindre. Le coup de blues était parti comme il est arrivé! Je ne sais pas ce qui m'a remis d'aplomb, mais je vais beaucoup mieux et j'apprécie à nouveau le bruit des mobylettes, la puanteur ambiante et la chaleur étouffante!

Pour fêter mon retour à la vie, cet après-midi, on s'est mis une méga race avec mes collègues de boulot. C'était le mariage de Cong et je peux vous dire qu'on n'a pas fait que sucer des glaçons, même si ici, il est d'usage d'en mettre dans sa bière. Cela explique ma prose approximative et j'en profite pour vous présenter mes excuses si quelques fautes d'ortaugrafe et autres erreurs de syntaxe se glissent dans ces phrases. Il est 19h, ça fait donc cinq heures que nous sommes rentrés, et à chaque fois que je me lève, j'ai l'impression d'avoir le cerveau qui baigne dans la bière et qui tape sur les parois de mon crâne. Le mieux à faire dans ces cas là est de rester coucher et de regarder la télé en rotant.
Sinon, au mariage, je n'ai pas fait le difficile, j'ai mangé du groin de cochon comme tout le monde (j'étais déjà à trois grammes), j'ai regardé les gambas cuire vivantes sous mes yeux (l'agonie de la gambas est difficile à supporter et encourage à boire de grandes gorgées de Saïgon beer, même si elle finit dans une jolie couleur rose) et j'ai mangé du gâteau de riz trempé dans du jus de porc.
J'ai dû boire une dizaine de pintes cul-sec car, étant le seul blanc, tout le monde venait trinquer avec moi. Ici, quand tu trinques, tu bois tout ce que tu as dans ton verre, donc tu as intérêt à avoir mis beaucoup de glaçons ou à être une vraie barrique. Rassurez-vous, je n'ai pas perdu la main et à la fin du mariage, j'ai laissé quelques cadavres derrière moi, dont deux cousines de Cong qui voulaient m'épouser et qui ont fini dans leur vomi sous une table. Il faut dire à leur décharge que les asiatiques assimilent très mal l'alcool. Mais bon, il fallait pas venir me chercher.
Une bonne chose à savoir quand vous allez à un mariage vietnamien, c'est que vous pouvez brûler vos fringues après. En effet, le vietnamien étant généralement assez mince, on se retrouve à quinze sur une table où on mettrait cinq européens, les baguettes, même quand on est habitué, sont assez difficiles à manier après douze litres de bière, les gambas fraîchement assassinées ont tendance à gicler, et on trinque comme des ours (je n'ai jamais vu un ours trinquer, mais je pense que ça doit beugler en en mettant partout et surtout sur le voisin). Bref, il y a à boire et à manger sur ma chemise et mon pantalon. Une femme qui a pris l'ascenseur avec moi à mon hôtel et m'a approché d'un peu trop près s'est évanouie, mais je l'ai découpée en petit morceaux et cachée dans le coffre-fort, personne ne la retrouvera.

Voilà, j'avais juste envie de vous raconter ça. J'ai pris quelques photos (une de Cong et sa femme et le reste où on trinque comme des ours) que je vous mettrai en ligne dès que possible. Le week-end prochain je vais à un autre mariage et je déménage dans la même journée (je vais essayer de me lever pour déménager avant le mariage, j'ai bien compris aujourd'hui), je vous raconterai tout en détails.

Je vous envoie d'énormes bises et pense fort à vous tous.
N'oubliez pas de bien démarrer l'année.

vendredi, décembre 10, 2004

Born to be wild

Salut mes chéris!

Désolé de vous avoir abandonnés pendant si longtemps, mais j'ai vraiment été débordé ces dernières semaines.

La dernière fois que je vous ai laissés, je vous avais relaté mon petit week-end à Ninh Chu. Une bonne semaine m'a été nécessaire pour recouvrer mes esprits. Pendant cette semaine, deux rencontres ont changé ma vie.

D'abord, Vincent. Vincent est un français d'origine vietnamienne, qui vit ici depuis un an avec sa femme Sophie. Non content d'être drôle et sympathique, Vincent parle vietnamien. OK il parle le vietnamien du nord et il est parfois obligé de répéter pour être bien compris quand il commande
un plat au restaurant, mais, au moins, il sait ce qu'il commande. C'est un énorme avantage. De plus, il connaît très bien Saïgon et m'emmène un peu partout, me décrit tous les monuments et me fait goûter à tout (on bouffe tout le temps et c'est très bon). Malheureusement, Vincent et Sophie partent
au Canada mi-décembre. Ils vont me manquer.

La deuxième rencontre a été décisive pour moi. Elle m'a emmené partout dans Saïgon avec Vincent et Sophie, elle est vive et fidèle, douce mais racée, souple et coupleuse, oui, vous l'avez reconnue, mesdames et messieurs, j'ai nommé la Honda Wave Alpha! Ca y est, j'ai ma mobylette et je me pavane,
cheveux au vent, dans les gaz d'échappements, libre comme l'air, dans le flot ininterrompu des cycles à moteur d'Ho Chi Minh ville! Born to be wild.
Alors là, on en prend vraiment plein les yeux, plein les fesses et plein les poumons. Je vous conseille de vous arrêter derrière un bus, en vous demandant innocemment pourquoi cette place est libre (en mobylette dans les bouchons, on négocie sa place pour être le premier à démarrer et être à
nouveau en première ligne au feu suivant, excellent!). Pour en revenir à mon bus, au feu vert, si vous portez des lunettes, vous vous retrouvez transformé en de raton laveur tuberculeux: vous êtes tout noir sauf deux ronds roses autour des yeux et vous toussez comme un dératé. Ca vous motive
encore plus pour passer devant le bus avant le prochain feu!

Heureusement, 6WIND m'a envoyé un allié de choix en la personne de Damien. Damien est mon copain à Paris et, comme par hasard, nous avons absolument besoin de lui pour un projet ici (héhé la bonne combine)! Damien est arrivé le 27 novembre et repartira le 14 décembre.
Il a de très grands bras et c'est bien pratique pour tourner: il les tend et ça permet d'être sûr que personne ne va nous faire l'intérieur. Je n'ai plus qu'à surveiller les cyclo-pousses qui arrivent au carrefour en trimbalant un frigo et qui ne peuvent pas freiner, les malades qui roulent en sens inverse en composant un texto, et les kamikaze qui descendent du trottoir d'un coup d'un seul en disant au revoir à leurs potes au lieu de regarder devant eux (quoique ces derniers sont bien souvent stoppés nets par les grosses poubelles vertes poussées par un éboueur, qui composent autant d'obstacles fatals, puisque le conducteur est deux fois plus petit que le véhicule et n'a donc aucune idée de ce qui est devant sa benne - il semblerait de plus que le ramassage d'ordures se fasse nécessairement dans le sens contraire à la circulation)!

Damien est donc arrivé le samedi 27 novembre. Je me suis légèrement gaufré sur le timing et suis arrivé à l'aéroport avec une heure de retard. Damien est assez grand - à peu près deux fois plus grand qu'un vietnamien moyen - et je voyais sa tête surplombant ce qui semblait être une grappe de
chauffeurs de taxis, qui sautaient chacun leur tour pour se placer au niveau de son oreille et y hurler: "Your friend not come. Go with me! Five dollars! Five dollars!"
Je suis intervenu in extremis - Damien avait la tête du mec qui était prêt à tuer à grands coups de valise-cabine - d'un expérimenté "No, no, meter taxi!". La foule sautillante s'est alors écartée, nous laissant le passage vers les taxis à compteur, qui nous étaient jusqu'alors cachés par la masse
des opportunistes qui savent très bien qu'ils arriveront à se choper un touriste pour deux fois le prix standard. Damien n'a pas ouvert la bouche avant d'être installé dans le taxi: "T'es vraiment un bel enfoiré!" Mon copain était arrivé, nous allions pouvoir montrer à Saïgon de quel bois se
chauffent les petits français!

Une fois Damien installé à l'hôtel, Vincent est venu nous rejoindre et nous a emmenés visiter le centre-ville: hôtel de ville, théâtre, rue Dong Khoi et beaux magasins. Vincent est un excellent guide et a aidé Damien à s'intégrer en douceur (rien à voir avec le choc Ninh Chu que j'avais subi) en nous emmenant déjeûner à la Vietnam House, restaurant très classe et tout à fait délicieux. Trop cool, on y est allés en mob.

Il nous a alors sentis prêts pour un peu plus d'authenticité et, après avoir abandonné Sophie - les femmes n'étaient pas acceptées là où nous allions - nous nous sommes dirigés vers le salon de massage. Hahaha bande de pervers je vois d'ici les sourires lubriques se dessiner sur vos visages de cochons! D'ailleurs Damien et moi étions un peu inquiets, non pas que notre fidélité ne soit pas à toute épreuve, mais quand même. Vincent nous a rassurés: nous n'allions pas au bordel et de toute manière si quelqu'un s'approchait du contenu de nos caleçons, on n'avait qu'à dire non merci.
Nous entrâmes donc et nous installâmes sur un fauteuil genre salon de coiffure. Une charmante jeune fille nous servit un cha da et le massage commença. Il ne fallut que quelques secondes à la tigresse qui se tenait derrière moi pour laisser libre cours à ses instincts et me lacérer littéralement le crâne. Une seconde pour respirer et la voilà qui essaye de me déformer la face par appui latéral sur les tempes, une seconde pour respirer et lacération de cuir chevelu, une seconde pour respirer et
compression des tempes, ainsi de suite pendant un bon quart d'heure. Je ne sais pas si c'est plus ma volonté profonde de respecter la culture vietnamienne ou la trouille que ma masseuse m'en décolle un bonne, mais je ne lui ai pas hurlé d'arrêter comme mon pauvre cerveau me l'ordonnait.
Quand mon crâne a eu fini de me lancer, j'ai jeté un coup d'oeil craintif à la glace pour vérifier que ma masseuse avait été remplacée par Arnold Schwarzenegger, mais non, c'était bien elle, qui me souriait de toutes ses dents. On aurait dû se poser des questions avant le massage quand Vincent
nous a confié: "Si vous avez trop mal, vous criez DAÔ!"
Enfin bon on s'est regardés avec Damien, l'air soulagé en pensant que c'est vraiment un pays de malades, et que ça fait du bien quand ça s'arrête. Que nenni, nos masseuses nous ont alors montré la direction de l'escalier, qui menait à la véritable salle de massage. Le massacre des tempes ayant
annihilé toute volonté de rébellion, nous nous dirigeâmes docilement vers l'étage du dessus, après avoir enfilé des tongs. Vous avez déjà essayé de mettre des tongs avec des chaussettes? Ca fait mal, c'est dangereux dans l'escalier, mais ça fait bien rigoler les masseuses.
Une fois arrivés là-haut, on a vraiment compris notre douleur. Les vingt minutes de martyre vécues en bas n'étaient qu'un échauffement pour nos tortionnaires, qui laissèrent exploser toute leur puissance! Et vas-y que je te malaxe les muscles, vas-y que je t'étire les tendons, vas-y que je te
fais craquer toutes les articulations, vas-y que je te monte sur le dos pour te faire craquer les vertèbres. J'étais tellement tendu que ma masseuse n'a rien réussi à me faire craquer d'autre que quelques doigts, et encore c'est parce qu'il fallait bien que je souffle. Un vrai calvaire pendant plus d'une heure et demie. Il faut vraiment être con pour ne rien oser dire, mais au moins on était deux dans ce cas avec Damien. Vincent était ravi quant à lui...

La soirée a été beaucoup plus calme et agréable. Visite de la fête de l'amitié nippo-vietnamienne, où nous avons vu un très joli spectacle de marionnettes sur l'eau, une pièce de théâtre avec deux dragons genre nouvel an chinois, qui se tournaient autour et se montaient un peu dessus. Sophie
disait: "Oh ils sont mignons, ils jouent, vraiment c'est mignon!" alors que Vincent, Damien et moi commençions à avoir de sérieux doutes quant à l'innocence de leurs activités, jusqu'à ce que la sortie d'un petit dragon du ventre du gros dragon jaune vienne nous donner raison. Ah ah on s'est
bien marrés! Et on a bien fait d'en profiter, puisque, notre faim montant, nous allions devoir nous préparer pour une nouvelle lutte sans merci! Nous nous sommes battus comme des malpropres pour récupérer quelques nems et deux-trois beignets aux crevettes. La petite fille qui attendait derrière
nous pour les derniers beignets aux crevettes a bien pleuré mais on ne lui a rien lâché. De toute manière ils étaient gras... Un truc cool quand même: on y est allés en mobylette.

Nous sommes ensuites partis au cirque, où nous étions invités par la prof de vietnamien de Sophie. C'était en fait la journée des professeurs. Ce jour là, tout le monde va voir ses professeurs préférés (même les anciens) et leur offre un petit cadeau. La prof de vietnamien de Sophie étant aussi la prof du cirque, elle avait le droit d'y inviter qui elle voulait.
Le cirque était assez sympathique, surtout les acrobates qui se lançaient des chapeaux dans tous les sens, ceux qui grimpaient sur une barre verticale et faisaient des saut périlleux dans tous les sens et un mec qui a joué de l'harmonica, de la fûte de Pan en bouteilles de coca, des verres musicaux
plus ou moins remplis et surtout fait du violon avec un néon. Je n'ai pas encore compris comment on peut jouer du néon.
La fête a été un peu gâchée par le dernier numéro, où des petits singes devaient faire un tas de trucs mais ne voulaient absolument pas, et où leur dresseur meur mettait de grandes claques pour les forcer. Conclusion: les singes sont plus têtus que le dresseur ou lors il ne tapait pas assez fort,
et le numéro a été complètement loupé. On était assez mal à l'aise... On s'est consolés en rentrant en mob.

Le lendemain, nous avions rendez-vous à 11h avec Ly, un des collaborateurs GCS. Après une bonne nuit de repos bien mérité, nous nous sommes levés vers 10h Damien et moi, pour aller nous enfiler un grand petit-déjeûner au restaurant de l'hôtel. Ce que nous n'avions pas compris, c'est que Ly nous
emmenait déjeûner à 11h. On n'a même pas pris la mob.
Nous nous sommes donc retrouvés attablés devant un Cha Ca, un grand plat de poisson du Nord du Vietnam, avec le ventre plein de petits pains et de céréales, et le goût du café dans la bouche. Mais nous avons pris notre courage à deux mains, attrapé quelques nouilles de riz avec nos baguettes
pour les déposer dans notre bol, des cacahuètes, du citron, de l'oignon émincé, des herbes diverses et variées (on les reniflait tout de même et les goûtait du bout des dents comme des chimpanzés avant de les mettre dans notre bol, parce qu'il y a des herbes bizarres par ici), quelques morceaux
de poissons qui grillait sous nos yeux sur un brasero en brique et, surtout, la sauce à la crevette.
Hahahaha la sauce à la crevette! Quand vous avez goûté ça, vous buvez du Nuoc Mam à la bouteille comme du lait de coco. Ca pue d'une force! Damien est tombé de sa chaise quand le serveur a apporté le bol de sauce. Ca se prépare comme du Nuoc Mam: on laisse des crevettes pourrir avec du sel dans
une caisse en bois pendant quelques mois, et, à la fin de cette période, au lieu de simplement récupérer le jus comme on fait pour le Nuoc Mam, on mixe tout le contenu de la caisse pour obtenir une sauce violette très épaisse, qui est utilisée par les explorateurs pour éloigner les bêtes sauvages dans la jungle. J'en ai quand même mangé, en me disant que mes dents allaient sûrement fondre et ma langue tomber de ma bouche comme un bout de bois, et bien, figurez-vous que ça a le goût de ce que ça sent! Et encore je suis habitué à manger des truc pourris maintenant. Je sais bien que ça n'a l'air de rien, vous vous dites "Ouah l'autre moi je sens mes chaussettes le soir ça m'aide à m'endormir, ça doit pas être bien terrible son truc!". Mais moi, depuis que j'ai mangé ça, je sens mes chaussettes, mon slip et mes aisselles comme Kevin Kline dans Un poisson nommé Wanda et je reste éveillé tel le lézard insomniaque qui se balade la nuit entre ma clim et mes rideaux (je crois qu'il me guette le matin pour me dévorer).

Je suis désolé, le temps me manque pour vous raconter toutes mes aventures. Je vous laisse donc digérer la sauce à la crevette et vous donne rendez-vous dès que possible pour vous parler de boui-boui, de photos de mariage, de visites de Saïgon, de delta du Mékong, et de comment c'est trop bon de faire de la mobylette avec Alexandra!

Gros bisous

jeudi, novembre 18, 2004

Week-end à Ninh Chu - Suite et fin

Hahaha je sais que vous l'attendez tous, alors, sans plus tergiverser, voici la deuxième partie de mon voyage à Ninh Chu!

Lorsque le téléphone de Vu a sonné à six heures du matin pour le petit-déjeûner, Thang était rentré pendant la nuit, mais pas notre quatrième colocataire. Ce qui signifie que ce pourri de Thang a dormi tout seul dans son lit alors que j'étais dans les bras de Vu. J'étais un peu dégoûté, sachant que je suis gros comme Vu, Thang et toutes leurs familles réunies.
Mais bon, un nouveau jour se levait - en fait, il était levé depuis un moment, vu qu'il faisait déjà 30°C dehors - et nous n'allions pas nous laisser abattre pour si peu. A nous les nouilles de riz et le jus de légumes pourris!
Je dois avouer que c'était tout de même bien agréable d'admirer la plage en petit-déjeûnant, d'autant plus que tout le monde me lançait de joyeux bonjours maintenant qu'ils m'avaient vu faire l'idiot sur scène avec Nono le petit robot et une Beach Beauty d'un mètre quatre-vingts.

A sept heures pétantes, nous nous sommes dirigés vers le car pour la visite de la journée. J'étais vraiment impressionné par ces horaires de ouf jusque là, mais j'ai bien rigolé en arrivant au car: la moitié des gens avaient décidé de faire la grasse mat'!
Hahaha tant mieux on allait être entre warriors pour profiter de la petite île paradisiaque que nous nous apprêtions à visiter. J'étais tout de même tracassé par ma cheville, qui avait atteint la taille de celle d'un bébé mammouth (environ 7 mois), mais il était absolument hors de question que je me fasse soigner dans ce pays de guedin alors je faisais bonne figure.

Je vous épargne la description du trajet, un guide nous faisait de nombreux commentaires en vietnamien, tout le monde rigolait sauf moi qui ne comprenais rien. Et puis de toute manière je n'avais pas trop envie de rigoler parce que le chemin pour aller jusqu'au bateau passait par un petit col, que notre chauffeur a dévalé comme un malade, sous les hourras de la foule sanguinaire. Mon slip est foutu.

Sur la plage, en attendant le bateau, nous avons croisé des pêcheurs qui rentraient au port, avec des écrevisses grosses comme le bras. On a bien rigolé et on a pris de belles photos.

Vous avez déjà vu un ponton vietnamien? C'est en bois, c'est branlant et il y a des trous entre les planches pour mieux voir le vide et les épieus qui vous attendent au fond de l'eau si vous rippez. On s'est engagé là-dessus à cinquante, ça a tangué mais ça a tenu.
Le bateau était de bien meilleure facture, il n'y avait pas de gilets de sauvetage pour tout le monde, mais on m'en a donné un parce que quand même je suis un client. Il n'était pas très grand, j'ai pu y passer un bras, ça me faisait un petit brassard. De toute façon on n'en avait pas pour longtemps et le bateau était en surcharge totale donc comme on coulerait tous je pourrais certainement m'accrocher à quelqu'un.

Le voyage a été très agréable, on a vu des petites maisons de pêcheurs: une baraque en bois sur pilotis en plein milieu de la baie, entourée de structures carrées en bois, dans lesquelles repose un filet. J'ai pris des photos, on comprend mieux. Mais c'était joli. Nous avons abordé sur l'île, à même la grève, j'ai attendu que les gens arrêtent de se battre pour passer à quinze dans une porte de quatre-vingt centimètres de large et je suis sorti.

Oh la belle plage de sable fin, entourée de petites montagnes verdoyantes, avec la vue sur l'océan à l'infini! Mais, surtout, LE CANIARD! J'étais liquéfié en quelques secondes (surtout que j'avais eu la bonne idée de mettre un t-shirt noir), mais comme j'avais des petits boutons partout et que je présumais que c'était dû à mon exposition prolongée de la veille, je ne me suis pas déshabillé et je ne me suis pas baigné. C'est là que je vois que je n'étais pas encore un vrai vietnamien, parce qu'aujourd'hui, dans la même situation, je saute dans l'eau tout habillé avec mes chaussures sans réfléchir une seconde.

Nous avons attendu une heure sous une bâche en plastique bleu à regarder une femme faire sécher des calamars au soleil. Elle était en blouson, avec un bonnet. Je ne comprends pas toujours tout...

Enfin, le deuxième bateau est arrivé, un bateau à fond plat transparent. C'est là que j'ai compris qu'on allait voir une barrière de corail, parce que j'avais eu beau relire quinze fois le programme de la journée en vietnamien, je n'avais pas percuté. Et personne n'avait été capable de me traduire. C'était superbe: des coraux rouges, des anémones bleues, des petits poissons arc-en-ciel. La douce brise marine après le gros coup de chaud aidant, je me suis endormi comme un bébé sur le chemin du retour.
J'ai un peu été réveillé par Binh Le qui vomissait ses tripes à cause du roulis, j'ai rigolé comme tout le monde et je me suis rendormi. Dans le bus, j'ai bien dormi aussi, sauf que Binh Le, qui était devant moi, continuait à vomir (il y a du roulis dans les bus aussi et c'est moins bien aéré).

Le déjeûner était délicieux. C'est marrant comme nous n'avons pas les mêmes goûts: il y avait un petit plat de porc sucré-salé et presque personne n'y a touché à part moi... Si ça se trouve, je me suis tellement jeté dessus comme un malappris qu'ils se sont dit qu'il valait mieux me le laisser si ils ne voulaient pas se faire mordre... Ils ont bien fait.

Nous avons ensuite fait nos adieux à Ninh Chu et sommes repartis. Au bout d'une demi-heure, nous nous sommes arrêtés dans un magasin au bord de la route. Manifestement, nous étions attendus: des petites tables en plastique avec les tabourets assortis (genre dînette) s'offraient à nous. Nous avons dégusté un vin local, très sucré, qu'on boit avec des glaçons et du jus de citron. Apparemment c'est toujours comme ça le vin ici. Ca ressemble à un sirop assez alcoolisé, dans des bouteilles en plastique genre Villageoise, mais pas trop mauvais si on ne se dit pas que c'est du vin. En tous cas, franc succès: tout le monde a acheté au moins deux bouteilles, certains sont repartis avec des cartons complets.
A la sortie du magasin, on pouvait acheter du raisin et des nems à des petites vendeuses à la sauvette. Le raisin est très apprécié ici (si vous voulez offrir un fruit à un vietnamien, oubliez les mangues et les ananas, venez avec vos pommes et votre raisin) et les nems ne sont pas du tout ce dont on a l'habitude. C'est un petit pâté, un peu comme de la farce, très gluant et enroulé dans des feuilles de bananier. Je crois que c'est traditionnel pour les fêtes alors je vous en dirai plus après Noël, parce que là je n'ai pas trop osé, j'ai déjà eu assez de mal à me débarasser des petites filles accrochées à mon bras pour que je leur achète quelque chose.

Nous sommes repartis, j'ai dormi, et tout d'un coup ça s'est mis à sentir très mauvais. Je me suis dit que Binh Le commençait a être vraiment bien malade, mais j'ai compris en voyant tout le monde descendre du car que nous étions arrivé au magasin de nuoc mam. L'odeur était impressionnante au début, mais on s'y fait très vite; c'est en retournant dans le car que j'ai réalisé qu'on puait tous le poisson pourri.
Le nuoc mam est stocké dans de grandes poubelles en plastique (comme quoi eux aussi ils doivent trouver que ça pue pour le mettre direct à la poubelle) et on vous remplit et étiquette la bouteille sur place. Autant vous dire que je n'en ai pas acheté parce qu'avec le bol que j'ai, sûr qu'il aurait explosé dans mon sac.
On pouvait aussi acheter des miettes de poisson séché, genre nourriture pour poissons. Mes amis semblaient s'en délecter, mais moi j'avais déjà goûté la dernière fois que Franck était rentré à Paris et je savais que j'allais leur repeindre la boutique si je m'approchais trop de ces immondices. Je me suis tout de même offert des espèces de nougats très secs à base de riz, de lait et de sucre.

Comme un con, j'ai changé de place pour la fin du voyage. Comme ça puait le nuoc mam, je me suis mis près d'une ouverture de fenêtre. A chaque fois que je m'endormais, ma tête partait sur le côté et je me flanquais un grand coup dans le front avec la poignée de la fenêtre. C'était horrible parce que j'étais crevé et que je n'arrêtais pas de me cogner. J'ai encore mal.
Je me suis bavé dessus aussi. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais vous vous réveillez avec un grand filet de bave qui vous relie au t-shirt. J'ai vite regardé autour de moi, mais tout le monde était très occupé à se faire goûter du poisson, pourri ou séché; je crois que c'est passé inaperçu.

Nous avons dîné à Pham Thiet, une station balnéaire très connue au Vietnam, mais comme à dix-neuf heures il faisait déjà nuit noire, je n'en ai pas vu grand chose.
Après dîner, dans le car, nous avons organisé un petit jeu: chacun devait passer au micro, chanter ou raconter une histoire, puis désigner son successeur. J'ai chanté "Du côté de chez Swann" en me disant que j'allais déchaîner les foules vu ce qu'ils m'avaient fait endurer, mais j'ai fait un flop. C'est certainement en grande partie dû à ma voix, mais j'en déduis aussi que les paroles sont très importantes dans la musique vietnamienne, parce que je pense que j'étais pile poil dans le registre musical.
Bref, c'est pas grave, je pensent qu'il m'aiment quand même, puisqu'ils m'ont offert la coupe gagnée au tir à la corde, très cérémonieusement, avec serrage de main du capitaine de l'équipe et preuve photographique à l'appui (il faut absolument que je récupère les photos)!

Le reste du voyage s'est déroulé tranquillement, nous sommes arrivé à Saïgon vers 22h30, on a dit au revoir à tout le monde, Vu m'a raccompagné en mobylette à mon hôtel, ce qui était assez marrant avec nos deux gros sacs, et j'ai réintégré mes pénates.

Etrange mélange de soulagement et de nostalgie, j'étais quand même bien content de me glisser dans mon lit, riche d'un expérience inoubliable et déjà un peu vietnamisé, puisque je n'ai pas pris de douche, malgré le sable, le sel, la transpiration, le nuoc mam et les projections de vomi de Binh Le qui a dû perdre dix kilos.

Bises
--
Vietyann

mercredi, novembre 17, 2004

Ninh Chu talent show scenario

Juste pour le souvenir, le synopsis du talent show de l'équipe n°2:

Dear all:
After the meeting in this evening, we unify a scenario of our drama below:

Scene 1:
    Robot walk slowly to the stage.

    Developer follow Robot. He is developing to complete the remaining works.

    After that Developer test acting of Robot.

    Test case 1: Shaking hand

    Test case 2: Greeting customer by bowing the head slightly.

    Developer is very happy when all things are completed.


Scene 2:
    QC test acting of Robot

    She find some strange bugs and ask PM require Dev fix bug.

    Dev fix and test bugs. Everything is ok.

    PM, QC are satisfied about Developer's work.


Scene 3:
    Customer come in:

    Customer : Shake hand with PM. After that Test acting of Robot.

    Test case 1: Shake hand

    Test case 2: ...

    Suddenly, Robot give Customer a flower.

    Customer is satisfied with Robot. He show "Number One" sigh.

    Everybody in Team are so happy.

    Robot is happy also.

    He jump up, jump up and blow a kiss with GCS customer.


The End

Members of actor/actress
    Customer :Yann Rapaport

    Project Manager (PM): Quyet Le

    QC: Ly Nguyen

    Robot : Truong Tran

    Developer : Quy Thai

mardi, novembre 16, 2004

Week-end à Ninh Chu - 1ère partie

Coucou mes chéris!

Voici le deuxième opus de mon carnet de voyage, histoire de vous raconter un peu une expérience inoubliable: mon week-end à Ninh Chu.

Mais commençons par le commencement: la dernière fois que nous nous sommes quittés, une nouvelle semaine saïgonnaise allait s'offrir à moi.
Rien de bien passionnant: départs le matin en xe om (moto-taxi), beaucoup de travail dans la journée, déjeûners avec l'équipe à la cantine de GCS, retours tard le soir et dîner dans ma chambre d'hôtel puis dodo.
Heureusement, j'ai rencontré dans l'ascenseur de l'hôtel une jeune femme qui est ici pour deux semaines. Elle s'appelle Anne, est à Saïgon pour donner des cours d'informatique à l'université d'Ho Chi Minh ville, et travaille au LIP6, un labo de recherche en informatique et réseaux. Du coup, elle connaît 6WIND et nous avons pu nous extasier sur la petitesse de notre planète au cours d'un dîner mardi soir. J'ai mangé de l'anguille grillée et elle une salade tiède au boeuf. J'ai oublié les noms vietnamiens... Hereusement qu'Anne était là pour me faire sortir de mon hôtel en semaine!

Vous l'avez compris, les événements marquants de cette semaine n'ont commencé à montrer le bout de leur nez qu'à partir du vendredi soir.

GCS organisait en effet le "GCS Family Day", une espèce de week-end d'intégration, dans un resort à Ninh Chu, au bord de la mer, à trois cents kilomètres de Saïgon. Départ le vendredi soir à 11h.

Contrairement à mes craintes, le bus était climatisé et tout à fait confortable. Je faisais partie de l'équipe 2. C'est très important pour la suite alors j'espère que vous êtes attentifs.

Au bout d'une heure de route (à minuit donc), nous nous sommes arrêtés dans une espèce de boui-boui et nous avons mangé une soupe au riz et au poisson.
Il y avait plus d'arêtes que de poisson et ce n'était pas très bon à mon goût, mais comme je suis allé aux toilettes avant de dîner, j'avais une bonne idée de ce que dégueulasse veut vraiment dire. Ici, pas de tout à l'égoût: les pissotières se déversent directement sur le sol. Du coup, la soupe m'a semblé bonne.

Nous sommes remontés dans le car et Binh Le et Ly ont sorti des fruits et des gâteaux, Quy avait acheté de la bière au restaurant. Il y avait aussi une guitare. Au bout d'un heure, les mecs étaient tous bourrés et chantaient à tue-tête des tubes vietnamiens. Je pense que Plastic Bertrand et Emile & Images (c'est Emile son nom?) feraient un malheur ici si ils parlaient vietnamien.

Heureusement, j'étais complètement crevé et j'ai dormi en pointillés pendant les sept heures de trajet (oui oui, sept heures pour trois cents kilomètres).

Nous sommes arrivés à Nin Chu à 6h30 et il devait déjà faire 35°C. J'étais en nage dès la sortie du car, mais heureux d'être arrivé vivant. Je vous épargne la description de la conduite vietnamienne, parce que sinon Môman me fait rapatrier direct. Je peux juste vous dire que c'est à base de klaxon et de ça passe ou ça casse.

Après un petit déjeûner à base de nouilles, d'oeufs de cailles, de riz, de jus de légumes (légume se dit rau, mais impossible de savoir le jus de quel légume j'ai bu, je sais juste que c'était du rau ma et que c'était pas bon) et de lait de soja tiède très sucré.
La matinée était libre, et dès que mon envie de vomir s'est calmée, je l'ai passée dans l'eau et sous les cocotiers, à discuter avec les quelques personnes qui parlaient anglais, à lire mon lonely planet, à écouter d'autres chansons du Didier Barbelivien local, à regarder des mecs se faire plumer au blackjack par Mai (Maille), une secrétaire de GCS fort sympathique qui leur a raflé toutes leurs thunes et dont j'aurai l'occasion de vous reparler plus tard.

Nous avons ensuite déjeûné et là, c'était délicieux. Je vous explique le principe: un bol de riz, plein de plats sur la table à base de viandes, de poissons, de fruits de mer et de légumes, on prend un petit peu de quelque chose dans un plat, on le trempe dans une sauce au passage, on le pose dans son bol de riz, on le récupère et on le mange. Comme ça le riz est bien imbibé et délicieux à la fin. Si on veut le riz encore moins sec, il y a toujours au milieu de la table un saladier de bouillon de légumes et de poissons, qu'on verse dans son bol (j'aime pas ça). Le tout est arrosé de thé glacé et conclu par un fruit exotique.
Par contre, on mange en vingt minutes chrono, personne n'attend personne, on ne dit pas bon appétit, surtout pas merci, on pose ses détritus sur la table et on fait beaucoup de SLUUUUURP et de BURP.

Premier choc culturel: les gens font des choses qui vous paraissent impolies ou déplacées (même à moi), mais pour eux c'est tout à fait naturel. Enfin bon, je remarque tout de même que les filles sont plus discrètes que les garçons, même si elles mangent aussi la bouche ouverte. A la fin du repas, on se cure toujours les dents. Chose étonnante: on n'utilise pas ses doigts, mais un cure-dents (tam). Puis tout le monde s'en va comme il est arrivé: sans dire au revoir ni merci.

C'est l'après-midi que les choses ont commencé à se compliquer. Si vous vous rappelez bien, je faisais partie de l'équipe numéro deux (chef d'équipe: Quy). Ah ah! Mais pourquoi ces numéros d'équipe me demanderez vous? Eh bien parce que l'après-midi, les "jeux" ont commencé. En fait de jeux, j'ai plutôt eu l'impression de me retrouver en gladiateur au milieu d'un arène.
Tournoi de foot sur la plage HYPER violent (et pourtant j'ai appris à jouer au foot en un contre un avec Danielus), lancer d'oeufs avec si possible ratrappage intact (et laissage de coquilles d'oeuf partout sur la belle plage de sable fin), course en sac style stock-car et tir à la corde dans un mètre d'eau avec une grosse corde qui fait des échardes.
Résultat des courses: une entorse au pied droit, des brulûres au sable partout sur les jambes (ça fait très mal) et des ampoules dans les mains de la taille d'un noix de coco.
Franchement, j'ai pas trop aimé les jeux sur la plage, même si je me suis senti obligé de dire le contraire à mon équipe, qui avait l'air absolument enchantée.
Ah oui, nous avons gagné le tir à la corde, ce qui n'est pas étonnant, vu que je dois peser facilement trois vietnamiens (et des gros). Au tir à la corde, Binh Le a failli se noyer, mais elle était quand même heureuse comme tout et prête à recommencer. Complètement tarée.
Tiens au passage, chose fort étonnante, les filles sur la plage sont toutes habillées et se baignent comme ça, parce que pour être belle il faut être le plus blanc possible. Je suis dégoûté ;-)

Bon après toutes ces épreuves, je me suis mis de la glace sur la cheville pendant une heure, j'ai discuté avec le responsable du training chez GCS, il m'a filé un lotion verdâtre à mettre sur les brûlures. Et bien croyez le ou pas, je me suis dit: "il faut s'intégrer", j'ai ouvert ce petit flacon sur lequel tout était écrit en chinois, et je m'en suis généreusement étalé sur le genou et sur le pied. Yaaaaaaaalaaaaaaaa! L'enfoiré! Je suis sûr que c'était à base de venin de cobra et de piment vert pour faire avancer les ânes les plus récalcitrants (pour faire avancer un âne récalcitrant, monter dessus et lui enfoncer dans l'anus le piment vert en question). Après avoir dégusté pendant facilment vingt minutes tout en continuant à lui faire la conversation l'air de rien, je suis allé prendre une douche et me préparer pour le dîner de 18h (ils ne mangent pas à la même heure que nous non plus).

Les bungalows étaient très confortables: deux lits simples, une télé, la cilm, tout propre et très bien.
C'est là que j'ai appris qu'on était en fait quatre par bungalow et qu'on devait se partager les lits. GCS fait des économies manifestement. Ca ne dérangeait pas mes compagnons de voyage, puisque quand je suis entré dans mon bungalow, ils étaient huit à faire la sieste: quatre par lit, tête bêche. Je vous dis tout de suite que n'importe lequel d'entre vous (sauf peut être Marine) et moi, on ne tient pas dans ces lits.
Dans la salle de bains, pas de bac de douche: on se lave directement dans la salle de bains, par terre, et on essaie de tout faire couler dans la bouche d'évacuation, mais la pente n'est même pas dans le bon sens. Résultat: le papier toilette est trempé, les serviettes sont trempés, la cuvette des toilettes est trempée, il y a du sable plein la salle de bains. Et bien, croyez-le si vous voulez, mais ce genre de détail ne me dérange absolument plus. Je me suis séché avec une serviette dans laquelle vous ne voudriez même pas vous moucher :-)

Je suis ensuite parti dîner. Impeccable: de grands buffets de brochettes de fruits de mer crues, qu'on faisait griller au bord de la plage, du riz sous toutes les formes, des nouilles sautées, du crabe au tamarind (j'aime pas le tamarind) et tout un tas de fruits délicieux.
Au bout d'une demi-heure le buffet était dépouillé et tout le monde avait fini de manger. Par terre, c'était une véritable porcherie. Heureusement, une petite pluie tropicale est venue rincer tout ça. Impressionnant: quelques secondes sous la pluie suffisaient pour être trempé jusqu'aux os.
Sous abri, il fallait plutôt quelques minutes, mais le résultat était le même, puisque les toits au-dessus des tables du dîner étaient en feuilles de bananier. On s'en foutait, c'était de la pluie chaude.

Pendant tout le repas, l'équipe de management de GCS a présenté leurs résultats pour 2004 et leurs plans pour 2005. Je n'ai rien compris, c'était en vietnamien. Il y a juste le chairman principal de GCS, Thang, qui m'a bien fait marrer parce qu'il ne prenait la parole que pour trinquer: "mo, hai, ba, yo!" (Je pense qu'on peutbtraduire ça par "un, deux, trois, santé!")
Pourtant c'est quelqu'un de très important au Vietnam si j'ai bien compris. Il parle très bien français et est très sympathique. Papa, il joue au golf.

C'est après dîner que j'ai vraiment commencé à halluciner. Mon équipe (la numéro 2) m'avait vaguement parlé d'un "Talent Show" où nous devrions jouer une petite pièce de théâtre. Je n'avais pas compris que ça prendrait cette ampleur.
Nous avons commencé par un concours de karaoké. J'ai chanté en vietnamien. C'est pas difficile, il suffit de chanter très mal et très fort et ça, je sais faire.
Ensuite, chaque équipe devait donc présenter un petit spectacle. C'était hallucinant, ils avaient fabriqué des costumes, certains ont fait des défilés de mode habillés en feuilles de bananier, d'autres des espèces de danses indiennes, d'autres ont chanté en duo avec le reste de l'équipe qui dansait... Mon équipe a présenté un petite pièce de théâtre en mime censée illustrer le processus qualité de GCS. Je jouais le client. Nous avons fini par un Beach Beauty Contest, où les beauties étaient tous des mecs, marrant.

C'était vraiment étrange, ambiance colonie de vacances. Mais le plus fort, tenez-vous bien, c'est qu'à la fin de chaque prestation, l'équipe de management de GCS mettait des notes aux participants. Les gens étaient vraiment très motivés pour gagner. Etonnant. Je ne pense pas qu'on voie ça en Europe dans un entreprise. Plutôt dans une équipe de foot où dans une colonie. Même au club med, les gens sont plus coincés.

Pendant toute cette agitation, vu que j'étais en coulisses, une chose en particulier m'a marqué: les gens se poussent et se marchent dessus comme si de rien n'était. Si vous gênez quelqu'un, il vous pousse sans ménagement, sans même vous regarder, quitte à vous flanquer par terre. J'ai bien observé, ce traitement ne m'était pas réservé (et le vietnamien qui me met par terre en me poussant n'est pas encore né) et tout le monde se marchait plus ou moins dessus.

Enfin, vers 22h30, après la remise des prix par les managers de GCS (j'espère que je vais arriver à récupérer des photos de nos prix, parce que je ne les ai pas vus de près, mais j'ai eu l'impression que ça valait le détour), je suis allé aux toilettes et j'y ai rencontré un demoiselle qui faisait pipi par terre sur le carrelage des pissotières parce qu'il y avait déjà quelqu'un dans les toilettes pour filles. Dégoûté, je suis allé me coucher, alors qu'un copain très sympathique et complètement bourré (je crois qu'il s'appelle Thang aussi - de toute manière, Hung, Chuong, Trung et Phuong se disent de la même manière alors je ne retiens aucun prénom) voulait absolument que je reste avec lui et ses potes boire des bières. Il
est vietnamien et vit à moitié entre le Vietnam et le Japon pour son travail. Il avait l'air de savoir ce que c'était que d'être loin de chez soi et c'est pourquoi il voulait que je reste avec lui pour me mettre à l'aise.

Mais j'étais trop mort et on avait le petit déjeûner à 6h30 le lendemain matin.
Sur le chemin du retour, j'ai croisé qui Vu qui me cherchait vu que j'avais la clé du bungalow. Je lui ai demandé si lui aussi il voulait aller se coucher, mais non, on était simplement samedi soir et il voulait regarder le match de foot. J'ai hésité à le pousser à l'eau où à l'étrangler derrière un cocotier, mais je me suis dit que crevé comme j'étais, je n'aurais pas de problème à m'endormir.
Et c'est ce que j'ai fait, Vu à mes côtés dans le même lit en train d'encourager Lampard en vietnamien.

Il est bien tard ici et mes yeux fatigués se ferment, je vous raconterai donc la suite lors d'un prochain numéro.
En attendant, allez voir les photos du week-end dernier:
http://www.rapaport.fr/yannus/

Gros bisous à tous!
--
Yannus

dimanche, novembre 07, 2004

Saigon - Premieres impressions

Salut mes cheris!

Voici un petit mail de Saigon, histoire de vous livrer un peu mes premieres impressions.

J'attendais d'avoir un peu visite la ville, parce que cette semaine, j'ai sutout bosse comme un... vietnamien. Et le vietnamien bosse tout le temps.

Me voici dans un cybercafe, il est 17h30, il fait chaud et moite, la nuit tombe et mon clavier est absolument degueulasse. Excusez donc les fautes de frappe; elles sont dues au fait que mes doigts restent parfois colles sur les touches...

Alors ici, ca grouille.
Les Saigonnais sont des vrai enerves.
La circulation est absolument incroyable, les panneaux, sens de circulation et autres feux tricolores ne servent a rien. Tout le monde s'en fout royalement. C'est le plus fort qui gagne. Dans l'ordre, il y a le pieton, le cycliste, le cyclo-pousse, la mobylette, la voiture, le bus et le camion. Quoique je ne suis pas sur entre le bus et le camion.
Bref, je prevois de m'acheter un camion.

Les premiers jours on ete tres difficiles. Je ne pensais pas que ca serait aussi depaysant et aussi difficile d'etre loin des siens; je me suis vraiment senti au milieu de nulle part. Ok ils ont l'alphabet latin, mais le langage n'a vraiment rien a voir. Et ca ca fait tres tres mal. On est paume des qu'on sort de chez soi.

Premiere etape, j'ai appris a dire bonjour (sin chao) et merci (kam on).
Apres j'avais faim, alors j'ai appris soupe (feu), boeuf (bo) et the glace (cha da).
Le probleme est que c'est une langue a tons et "ca" ne veut pas forcement dire la meme chose que "ca" (desole, j'ai pas les accents). Quand vous savez en plus que poulet se dit ga, je vous laisse imaginer le merdier.
Mais bon, je n'ai pas encore eu de poulet glace.

Aujourd'hui, apres avoir regarde un film a mon hotel, je me suis decide a surmonter mon apprehension (ha ha ha j'aimerais bien vous y voir) et je suis sorti dans la rue.

Premiere lecon: eviter de sortir dehors a 13h dans un pays tropical. J'ai compris ma douleur.
Mais, vous le savez, je suis un warrior, et je suis parti, a pieds, trempe de sueur.

Ici, il y a tres peu de pietons. C'est nul de marcher, il faut avoir une mobylette. Il y a 4 millions de mobylettes dans Ho Chi Minh City (on dit les deux: Saigon ou Ho Chi Minh City) et ca se voit. Pollution maximum.

Bef, j'ai marche jusqu'a l'hotel de ville, puis jusqu'au theatre. Ce sont deux batiments qui datent de la periode coloniale. Jolis. J'ai pris des photos.

Ensuite, j'ai mange un pho delicieux dans les quartiers un peu "riches" de Saigon. Ca m'a un peu rassure parce que les echoppes que j'avais rencontrees jusque la faisaient peur. Tiens au passage, je mange de tout, je bois de tout et je fais caca normalement (ou presque). J'espere que les effets ne s'accumulent pas pour apparaitre au bout de deux semaines, parce que si c'est le cas, je vais me faire virer de mon hotel...
Bref, j'ai mange pour 43000 dongs = 2 euros 50. Ici, tres peu de gens mangent pour ce prix la. C'est enorme. Le salaire moyen est de 23$. Et ca se voit.

Ensuite, j'ai visite le musee de l'histoire du vietnam en 20 minutes. Bon ok je suis fort pour visiter les musees a la vitesse de l'eclair (je ne tiens pas ca de maman) mais franchement il n'y avait pas grand chose. Le tourisme est encore balbutiant ici. C'est une vraie experience de routard. Pas facile pour moi, vous savez que j'aime avoir mon petit confort.
Mais c'est aussi pour ca que je suis la: ca fait du bien de se sortir de son mileu naturel :-D

Pour de nombreux autres points, je suis bien adapte. Je sais roter tout fort a la fin des repas, je sais me mettre les doigts dans la bouche devant tout le monde et sortir un gros morceau de boeuf coince entre deux molaires, je suis super fort pour cracher par terre dans la rue!

Bon demain je retourne au boulot et ca me ravit. Sur ce point la, aucune apprehension, aucune mauvaise impression. L'equipe est sympa, parle presque anglais, et il y a un max de taf!

Je pense a vous tous et je n'avais pas tout le monde dans mon carnet d'adresses, alors n'hesitez pas a forwarder a qui bon vous semble.

Groooooosses bises!
--
Vietyann